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La création du conseil mondial des joueurs (Deuxième partie)

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À la veille de la finale de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA à Lyon, un groupe de joueuses professionnelles s'est réuni à la périphérie de la ville française.

Alors que les États-Unis se préparent à défendre leur titre contre les Pays-Bas, le groupe se projette au-delà du grand match pour parler de l'avenir de ce sport.

Gabriela Garton (Argentine), Sarah Gregorius (Nouvelle-Zélande), Daniela Pardo (Chili) et Elise Kellond-Knight (Australie) sont réunies dans une pièce spacieuse avec un beau plancher en bois. La grande footballeuse japonaise Aya Miyama s'y est également retirée.

Il s'agit de la 2e réunion débattant du Conseil mondial des joueurs de la FIFPRO, une plate-forme pour les footballeuses et les footballeurs, pour leur permettre de discuter et de communiquer sur les principaux problèmes du jeu. (Quelques semaines plus tôt, des footballeurs dont Giorgio Chiellini et Vincent Kompany se sont réunis une première fois dans le midi de la France).

Dans la chaleur étouffante de la campagne, l'avenir du football international féminin est au centre des débats.

Ces derniers jours, sept nations européennes ont atteint les quarts de finale de la Coupe du Monde féminine. Il n'y a aucun pays en revanche d'Amérique du Sud, d'Asie ou d'Afrique.

La gardienne argentine Garton raconte les difficultés de son équipe nationale à se qualifier pour la Coupe du Monde contre vents et marées dans un pays où Lionel Messi et ses coéquipiers de l'équipe masculine sont traités comme des rois.

« Nous avons touché six dollars par jour à titre d'indemnité pour nous préparer à la Coupe du Monde. Nous en avions demandé huit. »

Les autres joueuses acquiescent. « C'est révélateur et ahurissant », s'exclame Kellond-Knight.

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Elise Kellond-Knight

« Comment obtenir 50 à 500 équipes nationales de haut niveau alors que ces filles se battent pour les besoins les plus basiques ? », se lamente l'Australienne.

Garton, sociologue, formée aux États-Unis, affirme que le football féminin a souffert du machisme en Argentine depuis des décennies.

« Jusqu'à aujourd'hui, si une jeune fille demandait à ses parents de jouer au football, la première réponse serait non, le football c'est pour les garçons », raconte Garton. Il en résulte qu'il n'y a aucune infrastructure de football pour jeunes équipes digne de ce nom dans le pays.

Les footballeuses chiliennes doivent également se battre avec acharnement pour lutter contre les préjugés de genre, affirme Pardo. 

Gregorius, de Nouvelle-Zélande, convient que le jeu international ne pourra se porter mieux que si les joueuses de pays comme ceux-ci bénéficient de meilleures conditions.

 « Difficile d'ici là d'obtenir le meilleur », raconte-t-elle.

Ces footballeuses sont habituées à lutter pour de meilleures conditions dans leur pays, ne serait-ce que pour 2 $ supplémentaires par jour en Argentine, ou pour pouvoir se déplacer en classe business en Nouvelle-Zélande.

En se joignant au conseil mondial des joueurs de la FIFPRO, il sera possible de faire entendre toutes ces revendications à un niveau international.

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Les joueuses sont enthousiastes à la perspective de pouvoir faire passer leurs énergies par une plate-forme internationale. Kellond-Knight se réjouit des progrès accomplis en Australie, où l'équipe nationale féminine a obtenu des conditions similaires à celles de leurs homologues masculins.

« Pour moi, il existe désormais un potentiel infini », ajoute-t-elle. « Nous savons aujourd’hui que nous avons beaucoup de pouvoir collectivement ».

Le Conseil mondial des joueurs prend forme, et les joueuses lèvent la séance avec un nouvel optimisme, en sautant dans un des taxis bondés pour la finale de la Coupe du Monde.