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Comment les anciens footballeurs façonnent l'avenir de la FIFPRO

La FIFPRO célèbre aujourd'hui son 60e anniversaire, une occasion de revenir sur le chemin parcouru par le mouvement des joueurs et sur le travail qu'il reste à accomplir. Lorsque les associations nationales de joueurs se sont réunies pour la première fois il y a six décennies, l'objectif était simple : protéger les joueurs et leur donner la possibilité de s'exprimer sur leur propre carrière. Le paysage a changé radicalement depuis lors, mais pas le principe directeur du syndicat.
Cette perspective est profondément partagée par les quatre présidents de division de la FIFPRO : Sergio Marchi (FIFPRO Amériques), David Terrier (FIFPRO Europe), Geremie Njitap (FIFPRO Afrique) et Beau Busch (FIFPRO Asie/Océanie). Chacun d'entre eux a vécu la réalité du football professionnel. Ils ont fait l'expérience de ses exigences, de ses incertitudes et de son potentiel, et portent ces expériences avec eux dans leurs fonctions actuelles.
Leurs réflexions montrent ce qui continue à définir le mouvement des joueurs : des dirigeants qui comprennent le jeu de l'intérieur, qui savent quels progrès ont été réalisés grâce à l'action collective et qui restent déterminés à garantir un avenir plus juste et plus durable pour la prochaine génération.
Pour commémorer les 60 ans de la FIFPRO, nous avons posé une question à chacun des présidents, les invitant à regarder en arrière, à regarder en avant et à réaffirmer pourquoi la voix des joueurs doit rester au cœur de l'évolution du football.
Sergio Marchi (FIFPRO Americas et Président de la FIFPRO)
Pays: Argentine
Carrière de footballeur: 1979-1996
Clubs connus: Gimnasia y Esgrima de La Plata (ARG), Almirante Brown (ARG), San Lorenzo (ARG), Querétaro (MEX), Unión de Santa Fe (ARG), Platense (ARG), Sarmiento (ARG).
Sergio, vous avez joué professionnellement à une époque très différente, où les footballeurs avaient peu de protection et des carrières encore plus courtes. Si l'on considère l'évolution du football, quelles sont les principales améliorations apportées aux droits et au bien-être des joueurs grâce aux syndicats, et qu'est-ce qui doit encore changer pour que les générations futures continuent à bénéficier de ces progrès ?
Dans les époques précédentes, lorsque Baresi et Maradona jouaient, les footballeurs jouaient avec le droit de rétention, ce qui leur était extrêmement préjudiciable à l'époque, ils étaient comme des esclaves, ils étaient soumis aux caprices des clubs. À titre personnel, j'ai été victime du droit de rétention.
Ensuite, grâce au travail des syndicats dans certains pays, par exemple en Argentine, nous avons obtenu différentes conventions collectives qui ont considérablement amélioré le bien-être des joueurs de football, en leur donnant les droits du travail qui correspondent à tout travailleur : contrat à durée déterminée, sécurité sociale, congés payés, indemnités de licenciement, entre autres choses.
Il y a sans doute encore beaucoup de chemin à parcourir, des droits sont violés chaque jour sur différents continents, il semblerait que l'industrie poursuive une productivité sans humanité et sans respect.
Tout ce que nous, les footballeurs, avons pu réaliser au fil des ans, c'est grâce au travail, à l'endurance et à la conviction. Une pension universelle pour les footballeurs serait très juste, car ils ont donné une partie de leur enfance, de leur adolescence et de leur jeunesse à cette profession.
David Terrier (Président de FIPRO Europe)
Pays: France
Carrière de joueur: 1992-2007
Clubs connus: Metz (FRA), West Ham United (ENG), Newcastle United (ENG), Nice (FRA)
David, le football européen est devenu plus rapide, plus riche et plus encombré que jamais. D'après votre propre expérience du football de haut niveau, sur quoi les syndicats devraient-ils se concentrer pour s'assurer que les joueurs puissent faire face aux exigences physiques et mentales du jeu d'aujourd'hui, tout en construisant des carrières durables ?
L’expertise professionnelle acquise lors ma carrière est un atout prépondérant pour remplir la mission syndicale qui est la mienne, faite de justice sociale, de soutien juridique, d’amélioration des conditions de travail ou de défense des intérêts de nos adhérents. Et comme il est aussi question de les protéger, alors que les charges de travail, par exemple, atteignent désormais un niveau critique qui met en danger leur intégrité physique et leur santé mentale, mon vécu et les connaissances nouées au fil des années m’ont été d’un grand secours dans l’épineux dossier de la refonte du calendrier international.
Si ma position de président de l’UNFP a facilité les rencontres et les échanges avec les internationaux français, j’ai aussi pris soin de m’adresser aux joueurs de ma génération. Avoir ainsi accès à des champions du monde comme Thierry Henry ou Robert Pirès, ou pouvoir s’adresser à de nombreux entraîneurs actuels, français ou étrangers, avec ou contre lesquels j’ai joués, voilà qui a nourri ma réflexion… et m’a très vite conforté dans la position qui a toujours été la mienne en la matière.
Geremie Njitap (Président de FIFPRO Afrique)
Pays: Cameroun
Carrière de footballeur: 1995-2011
Clubs connus: Real Madrid (ESP), Middlesbrough (ENG), Chelsea (ENG), Newcastle United (ENG)
Geremie, votre carrière a débuté au Cameroun et vous avez atteint l'élite du football européen. D'après votre perspective globale, comment les syndicats africains peuvent-ils s'assurer que les footballeurs disposent des structures, des protections et des moyens dont ils ont besoin pour que le talent puisse s'épanouir à la fois dans leur pays et à l'étranger ?
L'Afrique a le potentiel pour devenir une grande puissance du football, mais elle est confrontée à des défis tels qu'une faible protection juridique des joueurs, des infrastructures insuffisantes et une mauvaise gouvernance. Pour y remédier, il est essentiel de fournir aux joueurs le soutien et les garanties nécessaires pour prévenir toute forme d'exploitation. Nous devons veiller à ce que des systèmes efficaces de règlement des litiges, des normes de travail équitables et des mesures de surveillance soient en place pour protéger l'intégrité des jeux d'argent en Afrique. Dans certains pays, la syndicalisation est découragée, ce qui restreint les droits des joueurs et les expose à des abus.
Si l'Afrique veut atteindre un certain degré d'autosuffisance, elle doit s'attaquer au problème du sous-investissement, non seulement de la part du secteur du football et des investisseurs privés, mais aussi de la part des gouvernements et des fédérations de football. Cependant, les budgets des États sont toujours compétitifs et la santé et l'éducation sont naturellement une priorité.
Beau Busch (Président de FIFPRO Asie/Océanie)
Pays: Australie
Carrière de joueur: 2003-2012
Clubs connus: Manly United (AUS), Sydney FC (AUS), North Queensland Fury (AUS), Arbroath (SCO)
Beau, vous représentez une région qui se développe rapidement et qui offre de nouvelles opportunités aux joueurs professionnels. En tant que jeune dirigeant et ancien joueur, quel rôle pensez-vous que la nouvelle génération jouera pour façonner un avenir plus moderne, plus juste et plus uni pour le mouvement du football en Asie et en Océanie ?
En tant que joueurs, nous comprenons intuitivement que les grandes carrières ne sont possibles que dans une grande industrie. Minée par une gouvernance médiocre et intéressée, l'industrie du football est arrivée à un tournant décisif. Les footballeurs de notre région sont déterminés à saisir cette opportunité pour construire une industrie meilleure et plus forte où, par le biais de leurs syndicats, ils sont de véritables partenaires pour façonner l'avenir.












