Coupe du monde des sans-abri : « Les joueurs travaillent dur pour apporter un changement positif dans leur vie »

On estime actuellement à 100 millions le nombre de sans-abri dans le monde et à un milliard le nombre de personnes qui n'ont pas accès à un logement décent.

La Coupe du monde des sans-abri a été organisée pour la première fois en 2003 afin de donner aux sans-abri un sentiment d'appartenance à la communauté. L'objectif est de donner aux joueurs les outils dont ils ont besoin pour apporter des changements positifs dans leur vie et lutter contre le sans-abrisme et l'isolement social. La 20e édition se tiendra à Oslo, en Norvège, du 23 au 30 août et réunira plus de 500 joueurs de 48 pays.

Le tournoi a bénéficié d'un regain de notoriété grâce au film de Netflix The Beautiful Game, un drame sportif fictif mettant en scène Bill Nighy et retraçant le parcours de l'équipe d'Angleterre dans le tournoi.

Mel Young, cofondateur et président de la Coupe du monde des sans-abri, explique ce que cette initiative représente pour les joueurs et comment elle exploite le pouvoir du football pour créer un changement positif.

Comment l'idée de la Coupe du monde des sans-abri est-elle née ?

Tout a commencé par une conversation passionnée au bar avec un bon ami, Harald Schmied, sur la façon dont nous pourrions faire une différence tangible dans la vie des sans-abri. Nous avons lancé quelques idées jusqu'à ce que nous trouvions le langage commun du football.

Nous sommes tous deux de grands amateurs de football et nous avons convenu que l'organisation d'un match entre nos pays d'origine, l'Écosse et l'Autriche, serait une excellente initiative. Nous nous sommes serré la main, avons fini nos bières et sommes rentrés chez nous pour la nuit. Parfois, les idées restent en suspens, mais le lendemain matin, au petit-déjeuner, nous avons réexaminé le sujet et réalisé que nous avions quelque chose entre les mains, et qu'il n'y avait pas de raison de se limiter à deux nations... et la Coupe du monde des sans-abri était née.

Comment voyez-vous le football comme un outil de changement positif ?

Il est accessible et inclusif. Il suffit d'un ballon pour rassembler les gens au sein d'une équipe, ce qui rend le football incroyablement puissant. Sans véritable sens de la communauté, les sans-abri peuvent se retrouver isolés et avoir besoin d'un sentiment de survie solitaire qui se traduit souvent par une approche égoïste de la vie, ce qui est compréhensible. S'entraîner en équipe avant le tournoi leur donne un nouvel objectif, leur fait sentir qu'ils font partie de quelque chose et leur donne une raison de travailler à un objectif commun avec d'autres. Psychologiquement, c'est un grand pas.

Puis nous arrivons au tournoi lui-même, où ils sont encouragés par la société, par des gens qui auparavant les auraient regardés de haut et les auraient ignorés dans la rue. C'est une atmosphère incroyable qui génère positivité et respect, et les sans-abri sont au centre de tout cela.

La Coupe du monde des sans-abri a récemment signé un nouveau protocole d'accord de deux ans avec la FIFPRO, poursuivant ainsi le partenariat officiellement lancé en 2015. Comment le partenariat avec la FIFPRO a-t-il aidé l'initiative ?

Le partenariat avec une organisation mondiale du football comme la FIFPRO est très important à bien des égards. Je pense que nous avons une bonne réputation, mais la FIFPRO nous donne une véritable crédibilité au sein de la communauté du football, ce qui est inestimable pour nous. C'est une relation qui existe depuis longtemps et que nous avons beaucoup appréciée tout au long de la Coupe du monde des sans-abri.

Il est très spécial de faire partie du réseau d'anciens et d'actuels joueurs qu'ils offrent, et voir les participants recevoir leurs prix de la part de grands noms du jeu est tout simplement magique. Pour beaucoup d'entre eux, c'est un moment très excitant.

La FIFPRO parraine également notre prix du fair-play quotidien, qui est décerné aux équipes qui font preuve d'un esprit sportif exceptionnel, illustrant tout l'esprit du tournoi. Ce prix récompense l'esprit communautaire et le travail acharné, et donne aux équipes un objectif à atteindre en plus de la victoire.

Dans ce contexte, comment se déroulent les préparatifs d'Oslo ?

Les préparatifs vont bon train. Beaucoup d'équipes participent cette année. Nous avons déjà organisé un tournoi à Oslo et les Norvégiens sont d'excellents organisateurs qui comprennent ce que nous essayons de faire.

Il y aura toujours des défis à relever - déplacer des sans-abri à travers les frontières est une entreprise très difficile - mais nous sommes impatients de les relever. L'organisation de la Coupe du monde des sans-abri demande beaucoup de travail et d'expertise, et je remercie tous ceux qui consacrent leur temps et leur énergie à ce qui sera, j'en suis sûr, un nouvel événement brillant.

Y a-t-il un moment particulier qui illustre ce qu'est la Coupe du monde des sans-abri ?

Il n'y a rien de mieux que de voir d'anciens joueurs nous contacter pour nous dire que, grâce à leur engagement, ils ne sont plus sans-abri. Il y a eu des centaines d'exemples de ce genre au fil des ans et je suis fier d'être associé à une organisation qui fait la différence de cette manière. Ce sont les joueurs eux-mêmes qui viennent à l'entraînement et travaillent dur pour changer positivement leur vie ; nous leur donnons simplement l'occasion et la plate-forme.

La Coupe du monde des sans-abri demande beaucoup de travail, mais lorsqu'on parle aux anciens joueurs et qu'on voit à quel point elle les aide, on n'a plus l'impression que c'est du travail. C'est une raison de se lever le matin et de croire au changement, quelle que soit la difficulté de la tâche à accomplir.